A deux jours du 61ème anniversaire de la déclaration de Robert Schuman à l’origine de cette ambition commune qu’est l’Europe, ici entre ces deux territoires récemment confrontés à un défi dépassant par nature les moyens limités de leurs autorités respectives, il est devient urgent et vital de renforcer l’Union européenne.
Recoudre le drapeau européen qui a perdu ses étoiles
Ainsi, par cette action symbolique consistant à rapiécer le drapeau commun et recoudre ses composantes étoilées, nous voulons manifester notre défiance vis à vis de ces gouvernements otages de formations extrémistes, xénophobes, régionalistes, qui se sont honteusement défaussés sur la construction européenne pour masquer leur propre échec.
200 immigrés fuyant la misère aux portes des Alpes Maritimes, département de plus d’un million d’habitants, 25 000 à Lampedusa dans un pays peuplé de plus de 60 millions d’habitants, entités englobées dans un espace harmonisé de près de 500 millions d’habitants, menacent-ils vraiment l’ordre public au point de remettre en cause un pan entier de la construction européenne, quand on sait que la Tunisie elle-même fait face à 200 000 réfugiés fuyant un conflit auquel nous participons en Libye, et que l’Allemagne a accueilli seule 600 000 réfugiés bosniaques pendant le conflit des années 90.
Quand on évoque, dans une agitation pré-électorale, la suspension des Conventions de Schengen, leur modification, la révision des clauses de sauvegarde, on méprise d’une part les 25 autres partenaires européens qui sont concernés par ces textes et d’autre part les citoyens en les trompant sur l’origine de ces dysfonctionnements.
En effet, la France et l’Italie, qui ont pourtant fait partie du premier groupe groupe de six États à avoir répondu à l’ appel de Schuman, ne peuvent pas mettre à mal l’Europe à elles seules. Si ces textes organisent la libre circulation des personnes à l’intérieur de cet espace sans frontières, c’est en confiant le contrôle de sa part de frontières extérieures à chacune de ses composantes. Cet acquis européen implique donc une solide confiance dans les autres pays. Or c’est précisément la confiance, moteur de la construction européenne, qui est atteinte dans ce funeste pas de deux.
Pour la restaurer, il faudra inéluctablement passer par une communautarisation des contrôles externes, une mutualisation européenne des moyens. Mais cela ne suffira pas. Si l’Europe vieillissante ne s’intéresse pas aux transitions en cours dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, si elle n’accompagne pas le progrès économique et social de ces sociétés riches de leur jeunesse, elle se condamnera à l’échec d’un repli sur soi à l’abri illusoire de fragiles frontières.
Christophe G.
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