Éternel ministre
Bien qu’élu en 2007 comme président de la république, Nicolas Sarkozy n’a jamais endossé l’habit de la fonction. Il s’est installé non pas dans le rôle du président mais d’un super ministre. Depuis 4 ans nous n’avons toujours pas eut de président de la république au sens que lui donne nos institutions, aussi imparfaites soient elles. Il aurait pu choisir de les réformer pour les adapter à son fonctionnement, mais il ne l’a pas fait. Il aurait pu s’adapter à elles, comme l’on fait ses prédécesseurs, mais on ne saura pas pour le moment s’il n’a pas voulu ou pas su.
Il a petit à petit fait perdre leur sens à nos institutions, en déplaçant le pouvoir de la lumière des ministères, vers l’ombre des conseillers qui ne rendent de compte à personne, pas même financiers, hormis au président.
Cause toujours
La parole des ministres ne vaut plus rien, plus personne ne les écoute si ce n’est pour les railler. Le président décide. Il serait infaillible, mais comme ce n’est pas vrai, alors il faut tordre la réalité, raccourcir les processus pour supprimer les contre-pouvoirs et les oppositions. Les complexes cheminements de la loi qui ont pour vocation de lui permettre de s’enrichir et s’affiner à chaque étape ont tous été court-circuités en détournant les textes existants (urgence parlementaire, ordonnance…).
Mais cela ne suffit pas, il a aussi fallu contrôler le discours pour qu’il ne dise pas la vérité, mais fasse passer le message attendu, tels que les sondages laissent à penser que les français veulent l’entendre. Aucune importance de dire le contraire de ce que l’on fait. L’ère Sarkozy correspond à l’exacerbation du détournement de sens dans la parole politique. Pour couper l’herbe sous le pied des opposants, il suffit que le gouvernement dise ce que dirait ses opposants. Sauf qu’en généralisant la technique, c’est la parole qui perd tout sens. Non seulement on n’entend plus les ministres puisque la parole a été confisquée par l’Élysée, mais ils disent tous la même chose, sans que cela n’ait de lien avec ce qu’ils font.
Depuis 4 ans, au lieu d’un président, nous avons un ministre de la parole, qui promet, qui dit ou fait dire, ce que les français voudraient bien entendre, sauf que les actes démontrent, jours après jours que ce n’est que de la parole.
Nicolas Sarkozy a tué la parole politique en la décorrélant de la réalité de l’action politique. Il va falloir un travail colossal pour rétablir le lien.